


Il est peut-être exagéré de dire que la Philharmonie rêve, mais il y a quelque chose, dans cet immense amas mathématique d’éléments inertes qui semble métaboliser une pensée ou un frémissement qui précède le rêve.


















...À bien y regarder, on perçoit un frisson qui voyage comme une onde, creuse des écarts imperceptibles dans le ciment qui s’effrite, pulse sous le métal chaud qui se rétracte en tintements de xylophone dans le soir et fait s’éveiller, d’une turbulence un peu plus forte que les autres, un oiseau réel qui s’arrache à la nuée pétrifiée de la façade.
















Dans un geste infime, infinitésimal, le gigantesque corps tente de se désquamer, de se décarcasser au sens le plus littéral du terme pour prendre enfin sa juste dimension de minéral animal, vivant de musique et de tohu-bohu, de grands souffles majeurs, de grandes circulations d’air dans les conduits caverneux mêlant le dedans au dehors et faisant résonner le vacarme organique de la vie en une harmonique de forge monumentale qui est l’architecture primitive de toute musique.










Il ne s’agit plus là de savoir ce qui est beau et ce qui ne l’est pas. Il s’agit de concevoir des forces et des échanges, des perturbations et des équilibres, des transitions de phase dans un continuum de devenir.

C’est la topologie qui permet les dynamiques de circulation. C’est ainsi que l’on prend conscience de l’importance des surfaces et des volumes : en pliant l’espace, ils proposent des chemins au vivant. Cette faculté d’ouvrir des possibles donne à la matière inerte un troublant pouvoir d’agencement. Un rythme.

























