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Les frontières sont des espaces ambivalents et complexes. Ceux qui meurent ou disparaissent en tentant de les franchir en révèlent une propriété émergente fondamentale : les frontières sont aussi des horizons du temps.

Pour leurs proches, les disparus semblent ne jamais tout à fait franchir cet horizon, mais semblent s'y maintenir dans un temps immobile, profondément ambigu. Est-on mort tant que l'on n’a pas retrouvé votre corps ? Est-on mort tant que l’on ne vous a pas rendu votre nom, votre visage, votre histoire ; tant qu'on ne vous a pas rendu à ceux qui vous attendent et vous espèrent ? 

L'horizon fait ainsi naître un sentiment de « perte ambigue » chez les vivants, qui ne peuvent trouver de réponses et achever l’indispensable processus de deuil. Ce traumatisme, fréquent en temps de guerre, l’est malheureusement aussi devenu en temps de paix, du fait de nos politiques européennes de gestion de la frontière extérieure, responsables de milliers de morts chaque année.

Reportage en Grèce, sur la frontière maritime à Lesbos et la frontière terrestre le long du fleuve Evros.

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