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Le 11 juillet 1995 débutait le plus grand massacre que l’Europe a connu depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. En s’emparant de la ville de Srebrenica et de sa région, les Serbes de Bosnie ont achevé leur programme de nettoyage ethnique envers les Musulmans du pays, tuant huit mille hommes et déportant leurs familles.

Vingt ans ont passé. Les enfants qui, ce jour-là, ont dit au revoir à leur père, leur oncles, leurs cousins et leurs frères ne les ont plus jamais revus. Ils les ont attendus des mois et des années, loin de chez eux, et certains les attendent encore aujourd’hui. Vingt ans ont passé et les enfants ont grandi. La guerre les a éparpillés aux quatre coins du monde avec des souvenirs brisés et une blessure béante en héritage.

Pourtant, certains ont décidé de revenir. Déterminés à remonter le fil du temps jusqu’à l’endroit de la fracture. Jusqu’à Srebrenica.

Sadmir est l’un d’eux. En 2006, à l’âge de 24 ans, le retour lui est apparu comme une évidence. Il est revenu seul, dormant sur le sol de la maison familiale en ruine, un couteau suisse caché dans son sac de couchage pour se défendre. Mais il n’a jamais eu à s’en servir. Il a remis la maison en état, a trouvé un travail, est tombé amoureux de Dželaludina, avec qui il s’est marié. Vingt ans ont passé et le pays qu’ils ont connu tous deux étant petits n’existe plus. Les villages détruits et les champs abandonnés ont été repris par la forêt. La population s’est réduite comme peau de chagrin. L’économie tourne au ralenti. Inévitablement, l’écho du massacre continue de résonner dans le silence des montagnes.

Mais malgré tout, vingt ans ont passé et la vie est là, qui presse. Sadmir et Dželaludina ont eu un petit garçon et une petite fille. Bientôt, une classe entière ouvrira avec les enfants de ceux qui ont choisi de revenir. Ils poseront des questions, pour lesquelles n’existent pas toujours de réponses. Mais peut-être qu’un jour, ils comprendront le choix de leurs parents. Le choix du retour, par-delà les gouffres, à la vie qui les attendait.