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Birkenau
une écologie de la mémoire

Premières images

Tu t’étends là dans la plaine glaciale comme un corps immense sans visage et sans nom.

Tu es la plaine elle-même, et tu es tout l’espace et le temps qui t’enveloppent et te traversent.

Année après année, le vent te recouvre de grésil, de pollens et de mots.
La glace scintille et fond sous la lumière, les pollens fécondent la terre, les mots s’entrechoquent, éclatent et se recomposent en de nouveaux langages.
Tu bouges, tu t’animes, retombes dans de profonds sommeils — mais rien ne dort vraiment. Sous nos pieds, dans tes silences, s’élaborent les transformations de ton corps, la mémoire souterraine de tes vies. L’écho étouffé de tes cris.

(...)

Je te tutoie. J’arpente tes chemins. Je te parle.

Je sais que tu te tiens là, éveillé dans le présent sous la terre. Je sais que tu n’es rien, que tu n’attends rien, que tout ça est une affaire qui nous regarde nous et que tes mots n’ont jamais été que les mots du monde que j’essaye de retrouver. Il n’existe peut-être pas de voix pour faire le récit de ce qui change, sinon celle du changement lui même.

Conteur inlassable des métamorphoses et de leurs hauts faits, tu es le Dit des morts et de leur devenir.


Aujourd’hui encore, tu es leur voix.

Tout entier, tu es tissé de ce qui s’est tu.

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